Bio VS Conventionnel : vos questions, nos réponses sans filtre !
Le 23/05/2023
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir, osez le demander ! Cet article revient sur des questions relatives à l’agriculture biologique que vous nous avez posées.
Biocoop vous répond… sans filtre.
Par Céline Faucon
@ Christine Leconte, Gers
« Cliente depuis de nombreuses années, je lis tous vos numéros […]. Ne pourrait-on pas utiliser un autre mot que “conventionnelle” pour parler d’agriculture non bio et le remplacer par “industrielle” ? Car c’est le cas au fond. Les synonymes de conventionnel sont : banal, officiel, rituel, traditionnel, usuel. Alors qu’industriel fait référence à la révolution industrielle qui a permis le développement du capitalisme, de la technique, du machinisme et des communications. »
« Cette cliente n’a pas tort : on utilise le terme conventionnel pour ne pas être trop sévères avec l’agriculture chimique [rires], répond Benoît Canis, agriculteur et gérant de Biocoop Vert’Tige à Lille (Nord). “Industriel” n’est pas assez précis non plus car il ne peut pas caractériser à lui seul des paysans conventionnels aux pratiques très hétérogènes. Ce ne sont pas tous nécessairement de “méchants” industriels. Il ne faut pas oublier que certains d’entre eux sont les agriculteurs bio de demain. C’est toute la difficulté de la sémantique. Il faudrait trouver un terme plus offensif pour parler du productivisme industriel. À la Fnab (Fédération nationale d’agriculture biologique), nous avons longtemps cherché, en vain. »
Alex, Hauts-de-Seine
Quels produits sont utilisés sur les fruits bio, notamment les pommes, contre les parasites ?
Contrairement au conventionnel, l’agriculture biologique n’utilise pas de produits chimiques de synthèse pour lutter contre les champignons et les insectes, mais des produits d’origine naturelle à des doses contrôlées. Contre la chenille du carpocapse des pommes et des poires, les arboriculteurs font appel à la confusion sexuelle avec des phéromones. Contre l’hoplocampe du pommier dont la larve mine les fruits, des décoctions à base de copeaux d’écorce de quassia amara (arbre tropical du Surinam). Mais la philosophie de la bio consiste moins à remplacer un produit chimique par un produit naturel qu’à penser globalité. « On ne cherche pas à traiter “contre”, à appliquer tels produits pour tels maux, explique Patrice Bounet, paysan-boulanger-meunier du Gers. On essaie de faire les choses “pour”, améliorer par exemple. »
Marion, Gironde
Les teneurs en cuivre sont-elles plus élevées en bio qu’en conventionnel ?
Non, ce sont les mêmes. Depuis 2019, la réglementation interdit de dépasser 4 kilos de cuivre par hectare et par an (contre 6 auparavant). Prenons le cas de la vigne, culture pérenne. Pour se protéger du mildiou, les viticulteurs bio ont souvent recours à la bouillie bordelaise, un mélange de sulfate de cuivre et de chaux. Indispensable à la vie cellulaire, le cuivre reste néanmoins phytotoxique. Son application répétée fragilise les sols, il s’y accumule et peut poser problème, notamment sur les populations de vers de terre, selon certaines études. Mais la richesse de leurs sols déterminant la fertilité, les producteurs bio ont intérêt à être vigilants.
Des alternatives aux traitements cupriques (variétés résistantes, prophylaxie sanitaire accrue, etc.) sont à l’étude pour, dans le futur, réussir à abandonner l’usage du cuivre en agriculture. En attendant, ce n’est pas un produit systémique : il ne pénètre pas dans la vigne.
Les viticulteurs non bio, eux, peuvent utiliser jusqu’à 450 molécules de synthèse, susceptibles en plus de produire des métabolites, nouveaux composés, et de s’additionner à d’autres molécules en effet cocktail toxique pour le vivant. Ce n’est pas le cas du cuivre.
Laurent, Somme
Y a-t-il toujours des aides de l’État pour les sociétés se mettant au bio ?
L’aide à la conversion versée par l’État existe toujours. Pendant cinq ans, elle permet aux agriculteurs concernés de respecter leurs nouveaux engagements et leur cahier des charges. Le problème se pose au bout de cinq ans. Dans la nouvelle PAC, qui s’applique dès cette année, il n’y a plus d’aide au maintien. Le risque ? Voir des agriculteurs « convertis » repasser en conventionnel. Pour Mathieu Lancry, président du groupement de producteurs Norabio, sociétaire de Biocoop, « l’aide au maintien n’est pas le bon vocable. Parlons de services environnementaux que nous rendons à la société, sur les sols, la santé, l’environnement… Aujourd’hui, nous ne sommes pas rétribués pour. Il n’y a que le consommateur qui paye. Et nous via les contrôles ! »
Article extrait du n°128 de CULTURE BIO, le mag de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles.